Fiche F6bis Donner aux personnes en situation d'exclusion les moyens concrets de s'exprimer et de participer à la construction et à l'évaluation des politiques


Donner aux personnes en situation d'exclusion les moyens concrets de s'exprimer et de participer à la construction et à l'évaluation des politiques

Pourquoi ?


La loi de 1998 sur les exclusions préconise la contribution des personnes en situation d'exclusion à la recherche des solutions qui les concernent. L'article premier de la loi de 2008 instaurant le RSA prévoit aussi la participation des « intéressés ». Par ailleurs toutes ces personnes ont légitimement droit à participer à tous les débats publics.
En fait, les progrès sont minimes ; la participation de ces personnes à la codétermination et à l'évaluation des politiques qui les concernent n'est, à quelques exceptions près, pas reconnue comme un élément constitutif central de notre démocratie. Privées souvent des moyens de se faire entendre et comprendre et soumises aux représentations de leurs interlocuteurs, elles ne peuvent faire reconnaître ce qu'elles vivent ni peser sur les décisions. On parle, on pense, et on construit à leur place, sans écouter leur demande ni leur expérience de vie.

Objectif porteurs de sens


En parallèle avec des politiques de redistribution plus justes, notre démocratie se doit d'initier une « politique de reconnaissance » à l'égard de toutes les populations qui se vivent comme dominées : les personnes en situation d'exclusion, de précarité ou de fragilité doivent être reconnues comme partenaires et même comme repères de la vie démocratique puisqu'elles sont les témoins de ses limites actuelles ; elles doivent pouvoir acquérir une capacité d'expression collective et disposer des moyens nécessaires pour s'organiser et pour participer à la transformation de la société.

Engagements individuels proposés


  • 1. Chacun se donnera les moyens de connaître et de comprendre ce que vivent les personnes en situation d'exclusion en s'informant ou en se rapprochant d'elles.
  • 2. Chacun s'engage à la vigilance à l'égard de ceux, dans son entourage, qui ne sont pas pris en considération et à tout mettre en œuvre pour favoriser leur expression et reconnaître et faire reconnaître, quelque soit leur forme, le sens de leurs propos.

Engagements collectifs proposés aux élus, aux partis, aux associations, aux syndicats


  • 1. Créer les conditions d'une parole publique pour que s'expriment ceux qui sont réduits au silence ; développer les démarches permettant de construire une réciprocité avec les personnes en situation d'exclusion ;
  • 2. Permettre aux destinataires des mesures d'aide et d'action sociales de déterminer, dévaluer et de gérer les services qui leur sont proposés ;
  • 3. Dans le rapport aux services publics, restaurer la parité dans la relation entre les agents et les usagers qui sont dans une situation de communication défavorisée en proposant à ces derniers de se faire accompagner par une personne de leur choix.

Engagements et procédures nouvelles proposés aux Institutions


  • 1. Pour contribuer à l'élaboration et au pilotage des politiques publiques, organiser des réunions de travail thématiques et des co-formations entre des personnes issues de milieux défavorisées et des représentants des institutions afin de confronter leurs représentations et d'amener une connaissance réciproque et un partage des savoirs qui permettront d'imaginer des améliorations des services.
  • 2. Donner des moyens aux organisations de chômeurs et aux associations de solidarité pour les aider à s'organiser et à prendre part dans de bonnes conditions au débat public, notamment en les faisant participer aux instances de délibération nationales (Conseil économique, social et environnemental), régionales (Conseils économiques et sociaux de région) et spécialisées (Pôle emploi).
  • 3. Promouvoir, au sein des formations aux métiers du social et de l'animation, une compétence nouvelle susceptible de développer le croisement des savoirs, l'expression individuelle et collective des personnes en situation d'exclusion ainsi que les capacités d'écoute des professionnels et de leurs supérieurs (ces attitudes d'écoutes qui font si souvent défaut).
  • 4. Dans la relation d'accueil (de Pôle Emploi, de tous les Services Sociaux et de toutes les Institutions), renforcer la reconnaissance, le respect et la compréhension des personnes et de leur situation, améliorer les compétences, privilégier la qualité des services rendus et le temps consacré à l'écoute par rapport au temps dédié aux statistiques et aux contrôles.
  • 5. Dans toutes les politiques publiques destinées à lutter contre les exclusions, dédier une part des crédits à l'expression évaluative des destinataires de ces politiques. Cette évaluation ne doit pas se contenter d'être individuelle (par sondages) ; elle doit être organisée collectivement par des échanges ; elle doit prendre en compte la parole particulière des usagers organisés et elle doit être rendue publique.