Citoyens à temps complet, place et rôle des seniors dans la société contemporaine et solidaire


Fiche PSV 2 - PACTE CIVIQUE
Actualisée le 2 mai 2011

La place et le rôle des « seniors » dans la société contemporaine.
Chacun d'entre nous à la fin de son activité professionnelle passe de l'état d'actif – productif à l'état de « senior » en retrait de l'appareil de production. Pour autant, grâce à l'allongement de la vie et de la vie en bonne santé, le senior demeure différemment actif.
Cependant, il n'est plus soumis au même rythme ; et il semble que ce soit sur ce concept de temps, de rythme que peut s'articuler son rôle spécifique de senior. Il vaut la peine de se pencher sur la question lorsque les statistiques nous annoncent que en 2015, 2 millions de personnes auront plus de 85 ans et que dans 10 ans 1 millions pourraient se retrouver en perte d'autonomie.
Une activité mieux réfléchie, mieux maîtrisée lui permet une réflexion pour mieux vivre son âge et accomplir, au sens plein du terme, la dernière étape de sa vie en harmonie avec lui-même et avec la société qui l'environne et dont il se doit de faire toujours partie de manière active.
Découvrir le tempo que lui impose son âge à mesure de son vieillissement progressif qui associe « lenteur, attention, admiration : trois piliers d'une nouvelle sagesse »* dont la société contemporaine a un cruel besoin.
Accepter le vieillissement comme une richesse qui , pour n'être pas monnayable, n'en est pas moins indispensable au monde, colonisé par le « speed » (speed dating, speed reading, speed food…)
Pour reprendre le propos de Jacques LE GOFF * « les seniors pourraient contribuer décisivement au freinage d'urgence qui s'impose, à la création « d'oasis de décélération » où les activités retrouveraient leur place selon leur juste importance et leur potentiel d'humanité. Ils seraient alors, à leur manière, des prophètes. »
C'est ce que, à travers quelques pistes (personnelles, collectives,) nous osons sans crainte proposer ici.
Objectifs porteurs de sens - Mots clefs :
Perception du temps, réflexion, expérience, faire découvrir à chacun la chance d'être vivant.
. Demeurer actif, vivant, présent et investi dans la vie civile à la place choisie selon sa compétence
. Donner sens et valeur à la gratuité, la lenteur, la sérénité, la contemplation.
. Promouvoir le temps de l'intériorité.
Engagements individuels :
. Demeurer en éveil et en curiosité, accepter d'être interpellé, remis en question, éduqué par les plus jeunes dans un partage d'opinion et de points de vue.
. Cultiver la disponibilité, l'écoute, être porteur de paix, de réconciliation.
. Examiner le bilan de ses expériences de vie - positives et négatives - et l'exprimer clairement et lucidement pour les rendre transmissibles.
. Protéger sa capacité d'indignation, de révolte, mais également d'émerveillement.
. Participer activement à l'organisation de la vie sociale, à l'organisation du quotidien, dans les lieux où il nous est donné de vivre( quartier, maison de retraite…)
. Accepter de ne pas tout vivre, mais de bien le vivre en étant pleinement dans le moment présent donné .
Engagements collectifs :
. Développer les lieux de rencontre, d'échanges inter-générationnels , créateurs de liens : ateliers d'échanges de savoirs, information, formation, loisirs… afin de favoriser la vie sociale et de lutter contre la solitude (et pas uniquement la solitude des personnes âgées mais aussi celle des jeunes transplantés, des chômeurs, des divers handicaps...). Par exemple Kiosque citoyen mettant à disposition la presse et les moyens de communication rapide.
. Favoriser l'autonomie et l'indépendance des personnes âgées par des logements accessibles proches des services commerciaux et de loisirs pour permettre un maintien au domicile le plus longtemps possible.
. Favoriser la création spontanée de services collectifs de voisinage : Partage des appareils ménagers, repas préparés et pris en commun
. Valoriser les échanges culturels et les lieux d'expression métissée intergénérationnelles.
Interpellation des structures publiques, mesures proposées :
Mise en place d'une fiscalisation à la source permettant d'adapter les aides à la réalité des situations.
Diversification des lieux de vie des personnes âgées : maintien à domicile, foyers logements, logements communautaires, logements inter-générationnels, maisons de retraite pour permettre un vrai choix.
Remise en chantier de l'Aide Personnalisée à l'autonomie (APA) pour mieux l'adapter aux situations de grande dépendance.
Mise en œuvre d'un partenariat public / privé : APA et Assurance dépendance.
Mise en place d'une obligation de contrat collectif sur le risque dépendance payable par l'entreprise et la collectivité pour les assurances complémentaires santé.
Mise en place d'un Observatoire pour suivre les pratiques d'aides aux personnes âgées dans les différents pays européens ; action pour une loi européenne de financement actifs/retraités.
Formations concernant les aides à la personne sanctionnées par un diplôme.
Mise en place, dans les structures aux divers échelons, de Conseils de seniors de plus de 60 ans : conseils consultatifs élus au suffrage universel direct qui détiennent un droit de regard sur toutes les décisions concernant les retraités.
Jacques LE GOFF - Professeur de droit public à l'Université de Bretagne Occidentale