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Un été qui invite à la réflexion

Chapeau : Bien des nouvelles en provenance de tous les coins du globe nous sont parvenues depuis le début de la trêve estivale. Je propose d’en retenir quatre pour alimenter notre réflexion, et de les « faire parler » dans l’ordre chronologique inverse.

Une belle fin d'été !

Pierre Guilhaume, coordinateur du Pacte civique
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Billet :

1/ Trump et l’Iran

En mai 2018, le président Trump a décidé unilatéralement de dénoncer l’accord de 2015, contre l’avis de l’Europe. Début août, il a entrepris de réactiver une première salve de sanctions économiques contre ce pays. Il a en outre menacé toutes les entreprises, notamment européennes, actives en Iran, de se voir interdire l’accès au marché des Etats Unis. Une deuxième salve de sanctions est programmée pour le mois de novembre.

Chacun mesure aisément la gravité des risques de ce virage politique sur la situation de l’Iran : crise économique et politique débouchant selon toute vraisemblance sur un durcissement du régime, reprise des activités nucléaires et de la surenchère anti-israélienne, aggravation des tensions au Proche-Orient. Tout l’édifice diplomatique patiemment construit avec la République iranienne menace de s’effondrer.

Le défi posé à l’Union européenne est clair : comment s’opposer à cette vague destructrice et maintenir l’accord de 2015 ? La capitulation de nombreuses entreprises européennes (PSA, Volkswagen, Air liquide, Lufthansa …) face aux menaces américaines est un très mauvais signe. Souhaitons que les efforts déployés par la Commission, notamment la mise en vigueur d’une « loi de blocage » protégeant les entreprises victimes de sanctions américaines permettent de limiter les dégâts.

L’enjeu est essentiel et assigne une nouvelle mission à l’Union européenne : faire barrage au nouvel impérialisme américain qui s’apprête à régenter la planète.

2/ La canicule

Bien sûr, nul scientifique sérieux n’affirmera que la vague de chaleur qui a affecté, en juillet et début août,  l’ensemble de l’hémisphère nord, du Japon à la Californie en passant par l’Arctique et la France, est une conséquence directe du changement climatique. Mais le dossier s’alourdit : les trois étés les plus chauds en France depuis 1900 (sans parler de 2018, dont les données sont trop « fraiches ») ? 2003, 2017 et 2015. Records de température absolus ? Ils se sont multipliés cet été, en Californie, en Algérie, dans les pays scandinaves. Si une causalité directe ne peut être établie, le climat restant un phénomène essentiellement variable, le changement climatique accroit indéniablement la probabilité d’occurrence de ces épisodes extrêmes. On peut même redouter que le réchauffement de la planète dépasse les prévisions établies par le GIEC MsoFootnoteReference"><span class=" MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;line-height:115%;
font-family:"Calibri","sans-serif";mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:
Calibri;mso-fareast-theme-font:minor-latin;mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:EN-US;mso-bidi-language:AR-SA">[1]</span></span></span></a>.</p><p class=" MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify;line-height:
110%">Et face à cette situation, que constatons-nous ?</p><p class=" MsoListParagraphCxSpFirst" style="margin-bottom:6.0pt;mso-add-space:
auto;text-align:justify;text-indent:-18.0pt;line-height:110%;mso-list:l0 level1 lfo1"><span style="font-family:Symbol;mso-fareast-font-family:Symbol;mso-bidi-font-family:
Symbol">·<span style="font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";">        
</span></span>D’abord que la société s’adapte au changement
climatique, ce qui est une bonne nouvelle. L’hécatombe de 2003 ne s’est pas
reproduite, aucune catastrophe notoire n’est à déplorer.</p><p class=" MsoListParagraphCxSpLast" style="margin-bottom:6.0pt;mso-add-space:
auto;text-align:justify;text-indent:-18.0pt;line-height:110%;mso-list:l0 level1 lfo1"><span style="font-family:Symbol;mso-fareast-font-family:Symbol;mso-bidi-font-family:
Symbol">·<span style="font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 7pt; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";">        
</span></span>Mais aussi que notre société continue à vivre
dans une belle insouciance malgré l’évidence du danger. </p><p class=" MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify;line-height:
110%">Nous savons que la France, depuis 2015, ne suit pas la trajectoire prévue
en termes d’émissions de gaz à effet de serre. C’est donc à un effort redoublé
que nous devrions nous préparer. Eh bien non, la vie continue ! Les ventes
de climatiseurs s’accroissent<a href="file:///C:/Users/pierre/Documents/pacte%20civique/Collectif%20PC/avant%2018-09-11/Un%20%C3%A9t%C3%A9/Un%20%C3%A9t%C3%A9%20qui%20invite%20%C3%A0%20la%20r%C3%A9flexion%20V2.docx#_ftn2" name="_ftnref2" title=>[2], les transports aériens sont en pleine croissance, on prévoit leur doublement en 2036 ; les derniers week-ends d’août verront fleurir, comme à l’accoutumée, les rallyes et courses de côtes automobiles dans notre doux pays.

Le tempo politique et social n’est visiblement pas adapté à la menace climatique. Bien sûr, il serait préférable de laisser à nos concitoyens le temps de modifier progressivement leur mode de vie. Mais le temps presse. Plus on attend, plus ce sera dur ! Pouvons-nous encore éviter d’en venir à des mesures coercitives ? A quand un vrai travail collectif sur la nécessaire sobriété ?

3/ L’affaire Benalla

Ce qui frappe d’abord, c’est le traitement exagéré dont elle a été l’objet. Dans une belle unanimité, parlementaires et médias ont fait « monter la mayonnaise » au-delà de l’imaginable, transformant un vrai dysfonctionnement en fausse affaire d’Etat (voir en particulier l’interview de Philippe Raynaud dans le Monde du 28 juillet ; sera-t-il ré-invité ?).

Au-delà de cette constatation largement partagée, les sources profondes du dysfonctionnement sont sans doute à rechercher dans cette organisation semi-monarchique qui régente le « château ». Le Président actuel n’est pas à l’origine de ces mœurs curieuses forgées il y a 60 ans et peu remises en cause depuis, consistant à créer, en parallèle aux services administratifs « normaux », une administration propre à l’Elysée, censée répondre à tous les sujets. Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron avaient aussi leurs agents de sécurité propres, ils les avaient probablement mieux choisis, disposant du vivier expérimenté des grands partis politiques. Mais quoiqu’il en soit, le fonctionnement de ce petit état dans l’Etat, engendrant doublons, jalousies, rancœurs et croche-pieds, est par nature ingérable. L’un des reproches importants qu’on peut adresser au Président est de ne pas avoir suffisamment mis le pied dans cette fourmilière. A quand une Présidence de la République effectivement républicaine dans son fonctionnement ?

4/ La coupe du monde de football

Ne boudons pas notre plaisir. Cet événement heureux a effectivement constitué un « moment fraternité » de grande intensité. Une partie importante de la population a participé à ce moment, acceptant sans arrières pensées la diversité ethnique de l’équipe de France MsoFootnoteReference"><span class=" MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;line-height:115%;
font-family:"Calibri","sans-serif";mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:
Calibri;mso-fareast-theme-font:minor-latin;mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-bidi-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-theme-font:minor-bidi;
mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:EN-US;mso-bidi-language:AR-SA">[3]</span></span></span></a>,
célébrant son appartenance à cette communauté 
tricolore rarement invoquée, la République. Comme quoi cette notion, au
creux de chaque conscience, au-delà des injustices et des discriminations
subies, provoque une émotion et porte un sens.</p><p class=" MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify;line-height:
110%">Un autre aspect particulièrement instructif a été mis en évidence, que la
financiarisation démentielle de ce sport a tendance à faire oublier : le
foot comme modèle d’égalité des chances. Comment sont recrutés et formés nos
futurs champions ? Dans des clubs, partout en France, animés par des
bénévoles dévoués, soutenus par les municipalités. Pour atteindre les plus
hauts niveaux, la sélection est impitoyable ; sans entretien de
motivation, sans CV, sans  dissertation,
seul le talent compte. Contrairement à la plupart des filières de formation<a href="file:///C:/Users/pierre/Documents/pacte%20civique/Collectif%20PC/avant%2018-09-11/Un%20%C3%A9t%C3%A9/Un%20%C3%A9t%C3%A9%20qui%20invite%20%C3%A0%20la%20r%C3%A9flexion%20V2.docx#_ftn4" name="_ftnref4" title=>[4], l’héritage culturel ne joue pas et l’ascenseur social peut fonctionner.

Il convient enfin de souligner les vertus éducatives du sport collectif : intégration à l’équipe, dépassement de la performance individuelle au profit du succès collectif, attention à l’autre. Rendons hommage à ces centaines de bénévoles, attentifs aux enfants qu’ils entrainent au sport et un peu aussi à la citoyenneté.

Et souvenons-nous de ce moment à l’heure des économies budgétaires ! Car les énormes sommes d’argent drainées par le football ne ruissellent pas – et encore le font-elles de manière fort inégalitaire – en-dessous des clubs de première division. Quand les clubs de base, qui assurent la formation initiale, y auront-ils leur part ?



 MsoFootnoteReference"><span style="font-size:10.0pt;line-height:115%;font-family:"Calibri","sans-serif";
mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:Calibri;mso-fareast-theme-font:
minor-latin;mso-hansi-theme-font:minor-latin;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA">[1]</span></span></a> <span style="font-size:9.0pt">Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat. </span></p>

</div>

<div id="ftn2">

<p class=" MsoFootnoteText"><a href="file:///C:/Users/pierre/Documents/pacte%20civique/Collectif%20PC/avant%2018-09-11/Un%20%C3%A9t%C3%A9/Un%20%C3%A9t%C3%A9%20qui%20invite%20%C3%A0%20la%20r%C3%A9flexion%20V2.docx#_ftnref2" name="_ftn2" title=>[2] Le pire remède contre la canicule : outre sa consommation considérable d’énergie, la climatisation rejette de la chaleur dans l’atmosphère, contribuant à son réchauffement.

 MsoFootnoteReference"><span style="font-size:10.0pt;line-height:115%;font-family:"Calibri","sans-serif";
mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:Calibri;mso-fareast-theme-font:
minor-latin;mso-hansi-theme-font:minor-latin;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-theme-font:minor-bidi;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA">[3]</span></span></a> <span style="font-size:9.0pt">En opposition claire aux sirènes du repli sur soi.</span></p>

</div>

<div id="ftn4">

<p class=" MsoFootnoteText"><a href="file:///C:/Users/pierre/Documents/pacte%20civique/Collectif%20PC/avant%2018-09-11/Un%20%C3%A9t%C3%A9/Un%20%C3%A9t%C3%A9%20qui%20invite%20%C3%A0%20la%20r%C3%A9flexion%20V2.docx#_ftnref4" name="_ftn4" title=>[4] Souvent d’autant plus sélectives sociologiquement qu’elles rejettent les formes ouvertes de sélection ; ce point mériterait de plus longs développements.