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à Michel Rocard


Hommage de Pierre Guilhaume, membre du Pacte civique

Michel Rocard, colosse aux pieds d'argile

Comme beaucoup d'entre nous, je suis triste aujourd'hui. Michel Rocard reste un vrai modèle pour ma génération et pour les suivantes. Depuis la création du PSU jusqu' à ses dernières contributions écologiques ou économiques, cet homme aura marqué de manière singulière le paysage politique de notre pays.

Colosse ? Oui, par sa pratique exemplaire de la morale en politique, par sa vision prophétique d'une société créative et ouverte, par la rigueur et la clairvoyance de ses analyses, bien loin de tous les catéchismes, par son attention aux laissés pour compte de notre société (le père du RSA !), par sa créativité démocratique (pensons à la manière dont il a su rétablir la concorde civile en Nouvelle Calédonie), par son sens du débat et du compromis qui nous font tant défaut, par la haute idée qu'il se faisait de l'engagement politique et de son devoir d'efficacité.

Mais colosse fragile, qui dut déployer une énergie considérable contre ceux qui voulaient la peau d'un « animal politique » aussi dérangeant, qui n'hésita pas à plonger dans le cambouis politicien, pas toujours avec bonheur, souvent avec maladresse, qui parfois se trompa (qu'on songe à sa prise de pouvoir ratée sur le PS en 1993) mais eut l'honnêteté de le reconnaitre. Trop pur dans ce monde de vautours ?

Que cette fragilité aussi soit pour nous une source d'inspiration. Gardons dans nos esprits et dans nos cœurs le magnifique exemple d'un homme exceptionnel mais complexe, d'un héros fulgurant mais fragile.


Hommage de François Soulage, président du collectif Alerte

"Mon compagnonnage avec Michel Rocard est ancien. Il date de ces élections législatives de 1969 qui lui permirent d'obtenir son premier mandat de député dans les Yvelines. C'est la nouveauté du projet qu'il portait qui nous avait engagés avec quelques amis à faire campagne pour lui. Le goût de la liberté, de la justice et de la vérité qui furent sa marque tout au long de sa carrière politique furent déterminants pour nous chrétiens qui recherchions un engagement à la fois exigeant et réaliste. Il bousculait une gauche trop préoccupée de questions politiciennes en offrant une vision novatrice et réellement transformatrice de la société française. La société fraternelle dont il rêvait était notre aspiration commune. Cela est resté vrai tout au long des années.

A ses détracteurs qui l'accusaient d'être un utopiste il opposait la rigueur de ses analyses économiques et sa parfaite connaissance de l'Histoire. Sa brillante intelligence et son talent de conteur rendaient chaque moment de travail commun à la fois plaisant et stimulant. J'ai beaucoup appris avec lui. Récemment encore lors de la remise de la grand croix de la légion d'honneur par François Hollande, nous avons tous été saisis par la façon maitrisée et juste dont il retraçait l'histoire politique de ces cinquante dernières années. â?¦sans oublier l'humour qu'il maniait avec talent !

Son « parler-vrai », qui ne lui fit pas que des amis, va manquer à la Gauche ! Et avec lui la capacité d'innovation et le courage de la mettre en pratique. Nous lui devons des réformes aussi importantes pour la vie des Français que le RMI ou la CSG, dont personne ne met en doute la pertinence, et je peux en témoigner, une vision nouvelle et dynamique de l'économie sociale et solidaire, dont il fut le premier responsable politique à en comprendre l'importance transformatrice face à un capitalisme de plus en plus vecteur d'inégalités.

Aujourd'hui est un jour de tristesse car, pour tous ceux qui l'ont suivi, c'est la fin d'une histoire,. Mais aussi un jour de fierté. Fierté d'avoir vécu une aventure qui avait de « l'allure » même si elle ne fut pas totalement aboutie.

Si beaucoup d'entre nous ont le sentiment d'avoir perdu un « père » c'est de père spirituel qu'il faudrait parlerâ?¦ »


Hommage de Dominique Potier, député

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L'éclaireur

Michel Rocard dans notre histoire commune, fut, à l'heure de notre adolescence politique, le premier guide, le parler vrai, l'éclaireur...

Notre émotion est à la hauteur de la belle histoire de notre socialisme rural et humaniste. La deuxième gauche fut la marque de fabrique de Michel Dinet et de tant de leaders ouvriers et paysans d'ici...

Sur notre terre de Lorraine, nous étions "rocardiens" et il est juste de dire que "nous nous sommes tant aimés".

Pour le mouvement Esprit Civique, et pour ceux qui sont engagés en politique dans la filiation sociale chrétienne, Michel Rocard comme Jacques Delors c'est à la fois l'éthique et les travaux pratiques. C'est l'ingénieur en quête de solutions et l'intellectuel habité par la question spirituelle. C'est la force de conviction et l'ouverture d'esprit. C'est la foi dans la fécondité de la société civile et une possible renaissance civique. C'est l'esprit d'entreprise et de fraternité !

La promesse de la deuxième gauche pour aujourd'hui c'est de poursuivre la décolonisation ! Celle de nos esprits obscurcis par un ultra libéralisme et un individualisme sans foi ni loi. La promesse de la deuxième gauche, ce n'est pas le réalisme contre un humanisme radical mais le dépassement par le haut de cette dualité stérile.

Vite des héritiers !


Quelques liensâ?¦


le Parisen

le Figaro

Libération

Paris Match

Ouest France

le Point

la Voix du Nord