La sobriété...
Il y a plusieurs manières de faire face aux crises que traverse notre société. Au repli et au désenchantement, nous choisissons résolument l’audace. L’audace pour faire preuve de créativité, d’innovation dans la recherche de solutions. L’audace pour préférer une sobriété choisie à une austérité qui nous serait imposée. L’audace pour bâtir une société de justice. L’audace enfin, pour dépasser les tensions, refuser la violence, faire preuve de Fraternité.
Sobriété
Surproduction, chômage de masse, surconsommation de notre espace vital et des ressources de notre planète, déficit sans cesse aggravé de nos finances publiques : si rien n’est fait, nous laisserons à nos enfants et nos petits enfants une société lourdement endettée. Une dette sociale, une dette écologique, une dette financière qui toutes ensemble contraindront leurs choix, entraveront leur liberté.
Plusieurs approches pour aborder la valeur sobriété
Dans ce court texte introductif à l’une des valeurs
clés qui composent le Pacte Civique, la sobriété, nous proposerons trois
approches -bibliographique, analogique et introductive à l’action- dont
l’objectif est de nourrir nos réflexions, nos débats et nos mises en actes qui,
nécessairement, s’en suivront.
Un essai de bibliographie
L’expression « simplicité volontaire » fut créée par Richard Gregg en 1936. Mais il faut attendre 1973 pour qu’un premier ouvrage intitulé « voluntary simplicity » soit édité aux USA par Duane Elgin. Sous ces expressions, un grand nombre d’ouvrages fut publié durant la dernière décennie du XXème siècle et la première du XXIème, tant aux Etats Unis qu’en Europe.
« L’abondance frugale. Pour une nouvelle solidarité » publiée en 2010 par Jean-Baptiste de Foucauld pendant la préparation du Pacte civique, appelle à sortir des crises concomitantes actuelles en alliant un nouveau développement et une solidarité, vision élargie des besoins humains. L’auteur propose sa concrétisation par un pacte sociétal de solidarité.
Dans son ouvrage « Vers la sobriété heureuse » Pierre Rabhi en 2011, en propose
une approche portée par sa propre expérience de vie : « Il m’a toujours été difficile de définir, de
décrire la sobriété telle que je la ressens depuis de nombreuses années. En
faire une option de vie est déjà beaucoup, mais cela est loin d’en révéler la
subtilité. Elle peut être considérée comme une posture délibérée pour protester
contre la société de surconsommation ».
Il convient enfin de citer l'ouvrage de Patrick Viveret, "Reconsidérer la richesse" (Editions de l'Aube, 2003), qui, remettant en cause la mesure par le PIB, propose d'utiliser d'autres indicateurs, reflétant mieux l'authentique création de richesse.
Ces approches croisent le concept de
« décroissance », initié au début des années 1970 et dont Nicholas Georgescu-Roegen est
considéré comme l’inventeur. Depuis cinquante ans, le mouvement a rallié
à sa cause des auteurs prestigieux - André Gorz, Théodore Monod, Edgar Morin - et bien d’autres. Le mouvement de la décroissance
s’exprime à travers des conférences internationales, une dizaine a eu lieu (la prochaine se
tiendra en août 2018 à Mexico), des journaux, des revues, etc.
Une approche analogique
- Sobriété et luxe d’un choix de vie après avoir profité d’un modèle de société de production et de consommation de masse, au départ occidentale, devenu Modèle mondialisé ;
- Sobriété et tension entre valeurs et actions, qui signe la difficulté humaine de mettre en actes un changement qui impacte son quotidien dans toutes ses dimensions et doit s’inscrire dans la durée ;
- Sobriété et philosophie de la joie, comme expérience vécue à laquelle appelle Pierre Rabhi ; comme l’écrit le philosophe R. Misrahi dans son ouvrage « la Joie sera une intuition de plénitude -le sentiment d’être comblé- accompagnée de la sensation d’être en accord avec le sentiment d’être comblé » ;
- Sobriété et usage des ressources qui prend en compte leur rareté et leur impossible renouvellement, qui l’emporte sur la propriété des biens, qui en privilégie la seule utilisation avant de les transmettre à d’autres usagers ;
- Sobriété
et option toujours inscrite dans un espace géographique, qui ne peut se poser
de la même façon, pour exemple, sur le continent africain et en Amérique du
nord.
Introduction à l’action, autour de l’abondance
Comment sortir la sobriété du cercle des citoyens conscients, voire engagés et amener le plus grand nombre à s’y adonner volontairement, au-delà de ce qui s’imposera à eux, comme l’annoncent les scientifiques du GIEC et les mouvements les plus informés ?
Un grand chantier d’information et d’éducation populaire est à ouvrir, nous y sommes tous appelés.
Valeurs du Pacte associées : CREATIVITE / JUSTICE / FRATERNITE