COMME CHAQUE JOUR, ANA, LA QUARANTAINE RETOUCHÉE, quitte son appartement cossu en tenue de fitness et se dirige vers l'ascenseur. Etage Cidade Jardim. Les robe de mariée portes s'ouvrent sur ce paradis de la consommation relié directement à son immeuble : un centre commercial avec magasins de luxe, restaurants, cinémas, spa, salles de sport, laboratoires d'analyses, et bientôt une école...

Musique d'ambiance et décor arboré, ce "mall" est une ville dans la ville, où se retrouve chaque jour la bonne société de São Paulo. Après sa séance de Pilates, Ana rejoindra ses amies pour déjeuner puis, si les enfants ne sont pas encore rentrés de l'école, sans doute iront-elles jeter un oeil aux nouveautés du plus grand magasin Louis Vuitton d'Amérique latine, ou à la toute nouvelle boutique Dior inaugurée en mars.

Tout cela sans jamais mettre un pied dans la rue. Ainsi va la vie des privilégiés, dans un cocon climatisé et entièrement sécurisé où le luxe européen rivalise de fastes. Après s'être solidement implantées en Chine, les enseignes hexagonales s'intéressent de près au robe de cocktail marché brésilien, en commençant par São Paulo où 70 % du marché du luxe sont concentrés (d'après l'étude "Bossa & Beautiful, le XXIe siècle made in Brasil", d'Helene Capgras et Helen Kupfer, 2012-2013). Certaines maisons y possédaient déjà un point de vente, plutôt symbolique mais, face à une demande toujours plus importante, leur développement s'intensifie.